<ἥδε δ᾽ ὥστ᾿ ὄνου ῥάχις
ἕστηκεν ὕλης ἀγρίης ἐπιστεφής>
᾽Αρχίλοχος ὁ Πάριος
·
on parle d’une île
on, un locuteur, qui ?
on parle depuis une île, on parle depuis l’horizon
on parle d’horizon
c’est une voix
la voix dit : l’île apparaît
l’île est boisée (< avec sa couronne de bois sauvages >)
l’île est surmontée de collines
ces collines, cet horizon de collines est comparé (en tant que comparable) à une échine d’âne
on compare l’âne (l’échine) aux collines (le sommet de l’île), par retour
cette comparaison est éclairante
des ânes broutent dans un pré
ce pré est pentu (de même, ardu, reclus, appendu)
cette pente est un versant de colline
les collines sont en pente
les collines sont versatiles (de surcroît)
les collines se découpent sur le ciel
cette découpe est horizon
c’est l’horizon (quelque chose de couché là-bas)
l’horizon est cette échine d’âne taillée dans la part du ciel
(un morceau de choix)
coupé
pourrissant (cette fois mâchoire, soleil mâché, magma)
un horizon harassé (chiffonné, fourbu)
tanné de lumière, de soleil (de clarté nocturne ?)
(un soleil asinien)
ces collines nous parlent
ce sont elles, cette fois, le locuteur (donc, les locutrices : horizon mamelu)
(polyphonie)
(une colline de soleil)
la colline parle
la forme de la colline est parlante
elle nous parle d’une échine d’âne
elle s’échine à nous parler (quand bien même nous ferions semblant de ne pas entendre)
de quoi ?
(ânonne-t-elle ?)
(serpente-t-elle ?)
(luit-elle au soleil indifférent ?)
de sa forme-échine (âne)
on pourrait parler d’autre chose, mais on parle de ça
on (toujours)
qui ?
ces mêmes locutrices ou d’autres ?
la locutrice colline, ce lieu à partir duquel ça parle
ça parle encore (ça ne cesse jamais de parler)
de quoi ? d’âne, de collines, d’échine, de soleil, de miel, de thym, de grillades
la colline, telle une échine
(d’âne, suspendue)
(peau, pelisse, guenille, loque, pendeloque, etc.)
elle s’élève depuis la mer
on parle depuis une colline qui parle depuis la mer
la mer parle
c’est une langue salée
c’est la langue d’un poète
sa langue est salace
elle n’est pas verte (c’est une verve grise)
une lagune flottant dans la mer des mots
il parle depuis là : le lieu du locuteur (cette île)
une île de mots
une île-absence
une île décrochée d’un continent dont elle n’a plus le souvenir (la mémoire)
qu’elle ignore (qu’elle abhorre)
dont elle ne veut se rappeler
une île apparaissant comme lieu d’énonciation, donc (dénonçant le procès du sujet)
(au plus près)
(localisable, assignable, assujettie)
l’énonciation-apparition
l’apparition de l’île (le lieu), dans le moment de son énonciation (le mot-île)
(conjointement, sa disparition)
le véhicule est l’âne
j’ânonne l’île
grise (somptueux récif dans la mer d’argent [barré])
davantage que verte
avec sa colline dressée (adressée)
contre le ciel
pan (non lumineux, numineux peut-être)
c’est une colline poétique (forme de mots) assise
sur une île tout aussi poétique (échine, vertèbres, dentelures)
où broutent poétiquement des ânes
(gris eux-mêmes, ânonnant l’herbe grise)
c’est un ciel (grisant)
c’est une mer (grisâtre)
c’est un poème (dégrisé)
·
le ciel à cet instant prend une teinte tout à fait sale
la teinte gris-âne
par laquelle l’île disparaît
(ce miracle insulaire)
(ce braiment coloré)
·
j’assiste à la disparition (et non, plus on assiste)
je me tiens sur son bord (je pourrais me tenir ailleurs, sur un pic du darien)
à l’horizon même où elle disparaît (en tant que colline, en tant qu’échine, en tant qu’âne)
j’enregistre le mouvement de sa disparition (le décréé, le désadvenu)
je suis l’horizon (c’est l’horizon qui parle)
je m’absorbe en moi-même (ciel, mer, île, etc., tout s’absorbe)
et, m’absorbant, je disparais comme horizon à mon tour
il n’en reste que des mots
le mot-âne
le mot-île
le mot-colline
le mot-ciel
le mot-on
(le non-mot)
etc., etc.
·
embrun embrun embrun embrume
amère parmi les embruns
·
l’apparition d’une île
la disparition du souvenir
le flux
l’âne
l’oscillation
l’apparition du souvenir
la disparition de l’âne
la colline
le moi
l’énonciation
l’apparition du souvenir
le flux
le vent
l’oscillation
la disparition de l’âne
l’apparition d’une colline
le moi
la fonction d’énonciation
la disparition du souvenir
l’apparition de l’âne
l’oscillation
la colline
les pins
la plage
l’île
sa disparition
·
cette île-temple cette île-soleil cette île-absence cette île-coordonnée
·
j’ordonne en moi les données immédiates de l’île
elles sont conscience
conscience de l’île en moi
solipsisme pur
l’île s’atteint ainsi dans la conscience
à travers elle (par-delà)
·
une ligne qui ondule, osseuse
ou ossifiée (calcification)
échine
(horizon)
sa masse (air, volumes d’air, aérienne, phénomènes gazeux)
son déploiement dans l’espace
sa vision
·
le clap-clap du moteur (sillage, écume, etc.)
·
l’approche
·
conscience de l’île (et île)
le mot-île
la coïncidence
le rapport
la coïncidence comme rapport de l’île au mot
la conscience comme le lieu de ce rapport
je fais advenir le mot-île
il tient dans le langage
avec sa colline boisée
son échine d’âne
·
silhouettant sur la mer
·
plages, prés, pentes
·
·
l’île est un prétexte
·
la métaphore de l’âne est un transport
·
marchandises, transferts, frais de douane, opérations du langage (tangage), transformations
cécité de l’île qui ne se perçoit pas elle-même (ne s’envisage pas plus)
sa forme d’âne (adossée au ciel)
un silence
·
constance de l’île dans son apparition-disparition (bloc d’être)
mouvement des vagues
roulis
·
PRIÈRE
aucun homme est une île aucune île est un homme
aucun homme est une île aucune île est un homme
aucun homme est une île aucune île est un homme
le nom-île le nom-homme
le nom-île le nom-homme
le nom-île le nom-homme
nile nome
nile nome
nile nome
nile nome
·
l’île apparaît
(on pourrait gloser là-dessus, évanescence, etc.)
·
l’île comme moteur de connaissance
(l’âne est le véhicule)
·
échine hirsute par-dessus l’eau
(ligne d’horizon serpentant)
·
rideau de pluie
·
l’île apparaît
(apparition d’une apparition, monde des apparences, modes de l’apparaître)
·
l’île apparaît
(le clap-clap du moteur, ou le floc-floc, ou le ploc-ploc du bateau)
(l’eau)
·
barques de pêcheurs
(le locuteur est le sillage)
·
l’île apparaît
(j’ai depuis longtemps laissé derrière moi l’europe aux anciens parapets)
(je m’avance vers le nouveau)
·
l’île apparaît
(vision courte, stricte, dense)
(vision au ras de l’eau, au ras des pâquerettes, au ras du visible)
·
l’île apparaît
(presqu’île au conditionnel)
·
l’île apparaît
(l’âne est le locuteur, la locution est le moteur, le moteur a des ratés)
·
l’île des morts
l’île mystérieuse
l’île des bienheureux
l’île au trésor
l’île d’ithaque
l’île de verre
l’île déserte
l’île des enfants de khaledan
l’île noire
l’île de sancho
etc.
·
(peau d’âne)
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l’île finit de s’atteindre, s’achève, termine son périple
l’île est à la croisée des chemins (dessinés sur l’eau, effacés aussitôt)
l’île est dans le clapotis qu’elle fait à elle-même
l’île est un braiment visible à la surface
(horizon échine horizon)
l᾽île est divisible
l’île est sans finalité (aucune), sans visée (propre)
pure apparition
·
l’île est augurale (elle annonce la mort des dieux)
·
l᾽île est graduelle
·
chiffon organique au-dessus du flot (chiffe)
·
l’île est conique
·
l’île est iconique
·
(troncature)
(boisée, rase)
flèche
représentation
je me représente l’apparition de l’île
dressée, redressée, adressée
dernier signe visible sur la mer du rien
je m’adresse à l’île
(je suis le locuteur, qui ?)
je disparais
(qui ?)
·
l’île se prend à son propre jeu et s’exécute
(un jeu de dupe)
·
je disparais
je m’incarne en l’île
(l’île ne peut être moi)
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impossibilité
désir (infini du désir) rétrospection
rêve
·
matière
·
circonstances
·
ère
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stances
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île
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lune sac aileron axe
succède
l’île apparaît apparition d’une île l’île disparaît disparition d’une île
l’âne est le locuteur l’âne est le véhicule l’âne est le locuteur l’âne est le véhicule
l’âne est le moteur l’île est le véhicule l’âne est le moteur l’île est le véhicule
la métaphore est un transport l’île est le véhicule
la colline est en débord l’île est le véhicule
la métaphore est un transport l’île est le véhicule
la colline est en débord l’île est le véhicule
la métaphore est en débord l’île est le véhicule
la colline est un transport la colline est le véhicule
la métaphore de l’île excède l’île (déborde)
l’île est transportée en découvrant la métaphore (joie)
le locuteur est dans la métaphore comme lieu
vecteur
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la métaphore est la locutrice elle parle d’elle-même à la troisième personne en ce qu’elle n’est pas
(sinon désir)
(raffinement du désir, pétrole, etc.)
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l’île est magique
cette apparition-disparition est un tour de passe-passe (méta mor phose) (digression)
compter
décompter
(cartes, apparitions, etc. < cette île n’apparaît sur aucune carte > ai-je écrit quelque part)
fortune, roue de la fortune, île au trésor
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transposition
mimer l’apparition, levée de visible (à partir d’où ?)
(de la mer, de l’invisible, du néant, de la conscience)
(la lever sur quoi ?)
(sur la mer, sur l’invisible, sur le néant, sur la conscience, sur le nez de dieu)
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courbure du temps, parallèle à la courbure de l’horizon
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l’île (le rêve d’une île)
levant
couchant
vague
pluie
rochers
bleus
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courbure du dos de l’âne (son échine)
il broute
(ne pas oublier la ligne serpentine)
(elle s’échine à serpenter = son mode d’être)
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la pente
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la pente est broutée par l’âne
non en tant que pente
mais en tant que support d’herbe pentu
les arbres, le gris
(le brun en vérité) (velléités) (coloration)
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l’âne
grenu, égrené, égrenant (cassant la graine dans l᾽herbe grise)
grenier
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(grenier à blé, meule, farine, roue, âne, roue de la fortune, pense-bête)
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l’âne épelle (il n’ânonne pas)
(saumure d᾽âne, au passage d᾽un fleuve)
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dissolution dans le possible (formes, masses, couleurs, contours, événements)
le reste
laissé à l᾽impossible
cependant
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dans l᾽abécédaire, l᾽âne ouvre la marche et le zèbre la referme